Dans le travail de Marie Rosen, la
recherche de l’objet précieux de petit format,
rappelant les enluminures anciennes et
ex-voto, peut être considérée comme une
revalorisation de l’acte de peindre, renouant
en quelque sorte avec la tradition artisanale.
De là, découle sa volonté d’un projet cohérent
guidé par la rigueur et le sérieux de sa
démarche personnelle. A contrario, la narration
apparaît secondaire : concentrée dans un
moment prégnant et figé dans l’espace et le
temps, elle constitue la rencontre d’éléments
insolites et hétérogènes, dont fait déjà partie
le fond sur lequel ils semblent parfois flotter.
Cette rencontre est porteuse d’un réseau de
sens, qu’il s’agisse de moments inventés ou
vécus, modulation d’éléments connus vers des
scènes picturales intelligibles pour tous. Ces
éléments émergent en fonction de paramètres
extérieurs et se modifient parfois un peu
par eux-mêmes, jusqu’à acquérir une sorte
d’autonomie. La perception est immédiate
et ne nécessite pas d’explication. Dans ce
sens, aucune interprétation n’est (in-)correcte.
Qui sont ces personnages, que font-ils ? La
solitude qui les entoure semble les figer dans
un contexte qui apparaît pourtant narratif, une
sorte de para-monde de projection, dans une
image propre au médium.
(Jennifer Beauloye)