L’œuvre de Charlotte Lagro comprend des photographies, des animations, des performances enregistrées et des sculptures. Ce large éventail de médias est mobilisé pour localiser et démanteler les récits apparemment fixes qui constituent la vie quotidienne. Comme une opération, elle explose, coupe et recolle ses sujets. En tant que telle, son travail peut être vu comme une série d’expériences soigneusement élaborées qui font ressortir l’esthétique des impressions visuelles et des actes de routine. Pour ce faire, les chorégraphies exécutées par un ouvrier assemblant un produit ou les mains d’un pianiste exécutant une sonate servent d’analogies. Dans la vidéo «etude», par exemple, on voit deux mains en train de plier un avion. En 2010, Charlotte a été invitée à réaliser une pièce pour le 125e anniversaire de l’office de tourisme de Valkenburg. Il consiste en un grand aquarium qui contient une version miniature de la même ruine de château dans laquelle il a été exposé. Là où il y avait un ciel vide, des poissons rouges vivent maintenant autour du site. Dans les travaux de la collection SPACE, le poisson lui-même est devenu un objet de reconstruction. Dans une vidéo, il est montré dans un mouvement de nage. Mais il est dessiné dans «éclaté», un système de cartographie couramment utilisé par les ingénieurs pour visualiser l’anatomie complexe des machines et de leurs composants individuels. Ces stratégies de narration en miroir, de dissection et de réassemblage caractérisent le travail de Charlotte. Ils créent un espace de détachement par dislocation et isolement. Cela libère temporairement l’impression visuelle du sujet de ses points communs, exposant ainsi son précédent “pris pour acquis”.