A la suite de la catastrophe de Fukushima, et sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement allemand décide au printemps 2011 de maintenir le programme de sortie du nucléaire à l’horizon 2022. Afin d’assurer son niveau de production énergétique et de réduire la facture liée à une telle transition, le pays doit pouvoir compter sur un développement rapide des énergies renouvelables mais aussi sur ses ressources propres en énergies fossiles dont le lignite, présent en abondance sur le territoire. Le lignite, dont l’Allemagne est le premier producteur mondial, est utilisé comme combustible dans des centrales thermiques situées habituellement à proximité des sites d’extraction. Le groupe RWE, un des géants Allemands de l’énergie, extrait environ 100 millions de tonnes de lignite par an dans trois mines à ciel ouvert en Rhénanie-du-Nord-Westphalie afin d’alimenter en combustible ses six centrales dans la région. L’usage d’un combustible fossile à bas rendement comme le lignite à une si grande échelle provoque des rejets énormes de gaz carbonique et de particules fines dans l’atmosphère. Par ailleurs, son extraction provoque des bouleversements considérables sur l’environnement et le paysage. Des villages entiers sont expropriés, d’immenses surfaces de terres agricoles ou forestières sont détruites, des autoroutes sont détournées au fur et à mesure de l’avancée des excavatrices qui creusent le sol sur plusieurs centaines de mètres de profondeur afin d’atteindre les couches de lignite.
A Hambach, à proximité directe de la plus grande mine à ciel ouvert d’Europe, s’étendait jusque dans les année 70 et sur plus de 4000 hectares une forêt restée intacte depuis plusieurs milliers d’années. Durant les dernières décennnies, la majeure partie de cette forêt a été engloutie par l’exploitation minière. C’est dans la forêt de Hambach, en mai 2012, qu’un groupe de militants a édifié un camp pour protester contre la politique expansionniste du groupe RWE et par refus de voir les derniers hectares de forêt détruits. Un premier camp, constitué de constructions de bois, de paille et d’argile, de cabanes et de passerelles construites dans les arbres finit par être expulsé en novembre 2012. Après quatres jours d’altercations entre militants et forces de l’ordre, le dernier activiste fut extrait d’un tunnel dans lequel il s’était barricadé et le camp fut détruit. Quelques heures plus tard, un nouveau camp était établi un peu plus loin, dans un champ jouxtant la forêt de Hambach. Depuis, des activistes venus de toute l’Allemagne mais aussi d’autres pays européens se succèdent au camp, quotidiennement menacé d’expulsion.