Acquisition :
2016

Boite de biffe

Description

2015

195 x 80 x 7,5 cm

Techniques mixtes

Achat SPACE Liège

Du même artiste

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Le processus créatif du duo d’artistes Mon Colonel & Spit s’inscrit toujours dans la même démarche : choisir un thème en relation avec le lieu d’exposition et son contexte, puis se l’approprier, le décliner dans un ensemble combinant dessins, textes et installation. Ils reproduisent donc ce rituel pendant tout l’été dans les bureaux de la SPACE Collection, installés dans un ancien appartement surplombant la place Saint-Barthélemy, dans le cœur historique de Liège. Autour de la collégiale médiévale remasterisée au début du XXIe siècle, se groupent un antiquaire réputé, des musées en tous genres, une bibliothèque destinée à la recherche…, autant de lieux qui mettent à l’honneur des pièces rares, précieuses par leur prix ou leur intérêt patrimonial. A contrario, les objets mis en scène et sélectionnés pour l’exposition Au Cœur de Biffe sont des laissés-pour-compte, fonds de brocante de seconde zone ou rebus sauvés in extremis de la décharge. Ils sont anonymes, sans valeur marchande, et ne sont chargés d’aucun lien sentimental (il ne s’agit ni de cadeaux, ni d’héritages). Pourtant, leurs nouveaux propriétaires n’ont jamais eu le courage de s’en débarrasser définitivement, même si l’idée a pu les effleurer. Ils décident finalement de confronter leur beauté bancale au public en les transformant en œuvre d’art. Certains objets fonctionnent en série, comme l’impressionnante collection d’autocollants placée en situation dans la cuisine, patiemment rassemblée entre le début des années 1970 et celui des années 1990 par une certaine Marie. L’ensemble a un inévitable parfum nostalgique pour les quarantenaires que leur graphisme et leurs slogans replongent immédiatement dans la maison familiale. Mais Colo & Spit n’ont pas nécessairement choisi les plus attractifs graphiquement ou les plus drôles ; il reste en fait les invendus, ceux qui n’auront pas retenu l’attention des spécialistes et des amoureux du vintage. La brocante, la vente de quatrième ou cinquième main, ou « la biffe » en tant que telle, la revente d’objets jetés, leur a en effet régulièrement servi de palliatif financier, leur permettant de poursuivre leur propre travail artistique en évitant les concessions. Mais ce marché parallèle, évoqué dans les aquarelles du grand bureau, s’il peut être synonyme de liberté, est de plus en plus mis en péril par la concurrence féroce entre les revendeurs (dite aussi « bataille de pauvres » en Belgique francophone) et la volonté de lutter contre tout risque de travail au noir. Il faut contrôler les transactions financières, et, paradoxalement, surtout celles des plus précaires, qu’ils soient artistes ou chiffonniers. Plongé dans la pénombre, le petit bureau devient à la fois un atelier de carton, un étal de brocanteur et un espace muséal. Avec ses trésors encore emballés, à découvrir progressivement au cours de l’été, il fait de loin écho au Musée d’Art Moderne de Broodthaers, version Département des Mouettes. J.H.