Affinities in the Ether Wind – Charlotte vander Borght

En 2001, l’architecte Rem Koolhaas fait le constat dans Junkspace que “la climatisation – mé- dium invisible donc inaperçu – a vraiment révolutionné l’architecture.” Selon lui, elle “a donné naissance au bâtiment sans fin.” Pour cette exposition, Charlotte vander Borght s’attaque à ces médiums invisibles, les pièces maîtresses du réseau qui rendent possible l’existence humaine dans les villes. Vander Borght vit et travaille à New York, plus précisément à Bushwick, où s’entrechoquent le ballet de jeunes branchés et celui des bétonneuses qui irriguent en permanence les milliers de chantiers en cours dans toute la ville et des trains-poubelles qui s’éloignent dans la nuit. Le faste de New York tient dans son habileté à être en rénovation permanente et demande une lourde et bruyante maintenance qui crée une somme hallucinante de déchets. La matière première de son travail est souvent issue de ces vestiges récents du modernisme : l’usagé, le résidu, le déclassé deviennent protagonistes. Elle travaille à partir de ce dont est constituée la ville, tantôt vue comme machine gloutonne et infernale dégueulant son trop-plein, tantôt comme réseau orga- nique et naturel à la circulation fluide. Les trois sculptures présentées dans l’exposition sont produites à partir de conduits d’aération en acier galvanisé, assemblés à partir de pièces mises au rebut et de nouvelles réalisations. Les défauts et imperfections liés au processus de production sont laissés apparents et on devine à leurs extrémités des détails organiques comme si on avait coupé les bourgeons de ces plantes industrielles aux ramifications en acier ou amputé les pattes de ce qui fait aussi penser à de gros insectes. A la manière d’une naturaliste, vander Borght nous présente ses œuvres comme des spécimens à étudier attentivement, des racines métalliques extraites de l’humus de la terre, ex- tirpées d’un faux-plafond ou d’entre deux plaques de placoplatre. En les présentant dans un an- cien garage, surélevées comme figées au moment de leur création ou réparation, elle rend un hommage vibrant au savoir-faire et à la main d’œuvre de femmes et d’hommes souvent invisibili- sé·e·s au même titre que leur travail. Au fond de la salle, on trouve la photo d’un homme, gardien du monte-charge de l’immeuble où l’artiste a son atelier à Bushwick. Faisant écho à ses œuvres précédentes où elle photographie l’intérieur des camions, vander Borght nous ouvre les portes d’un monde invisible, sous les bâches, derrière les portes. Elle met le focus sur ces espaces de transit toujours en mouvement qui constituent la face cachée et le cœur même de notre société en bordel organisé. Et nous dit qu’au fond tout ce que l’on ne voit pas est finalement tout ce qui nous compose. Marwann Frikach
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Date

27 Oct 2021 - 27 Nov 2021
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Lieu

New Space / Rue Vivegnis 234
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